La maîtrise du BIM n’est pas réservée aux grands groupes du BTP et les architectes appellent au contraire à une montée en puissance collective de la filière dans ce domaine. Cette prise de position du Conseil national de l’ordre des architectes (Cnoa) rapportée par le site d’information BatiActu fait suite à l’interview récemment accordée au média par Nicolas Mangon, vice-président d’Autodesk.

Constatant la fragmentation de la filière française du BTP il pronostique une prise en charge du BIM par les majors du BTP… suggérant implicitement qu’ils sont les seuls à niveau dans ce domaine. Dans son interview Nicolas Mangon estime aussi que les architectes doivent s‘inquiéter de la montée en puissance du design génératif (qui permet au concepteur d’explorer en très peu de temps des milliers de scénarios) et de l’Intelligence Artificielle (qui lui permet de prendre en compte des quantités énormes de données que l’esprit humain ne peut appréhender). Un phénomène qui pourrait de nouveau avantager les majors technologiquement en pointe : « certains n’auront plus besoin d’architectes d’ici à dix ans, voire même plus besoin d’entreprises de construction grâce à la préfabrication. »

Loin de nier la fragmentation de la filière nationale du BTP, Roland Marques, conseiller national et référent « BIM et intelligence artificielle » au Cnoa estime que c’est précisément la raison pour laquelle il faut développer une pratique du BIM répondant à cette spécificité : « même si la construction est moins intégrée chez nous que dans d’autres pays, il faut faire le choix d’une montée en compétence collective afin d’éviter une rupture de chaîne entre les acteurs de la construction ». Autrement dit le BIM ne doit pas être l’apanage des entreprises les plus fortes, mais concerner toute la filière. Il estime d’ailleurs que la tendance est favorable de ce point de vue : « la filière s’équipe, les projets conçus et réalisés en BIM se multiplient en France année après année ».

Estimant aussi que l’intérêt des éditeurs de logiciels est fortement en jeu et qu’il faut les défendre, le Cnoa met en avant l’engagement des architectes :  » non seulement ils dessinent en numérique et en 3D depuis des années, mais une récente étude montre qu’ils représentent 25% des utilisateurs de la plateforme de travail collaboratif Kroqi actuellement développée par l’État. »

Pour le CnoA, l’architecte restera incontournable dans son rôle de médiateur des diverses contraintes techniques, économiques, sociales, environnementales dans lesquelles un projet doit s’insérer : « au-delà de la technique et de la sensibilité, l’architecture, c’est aussi l’art de penser le vivre ensemble, un rôle que la machine n’est pas prête de maîtriser ». Un argument repris par Xavier Soule, fondateur de la société Abvent. Lui aussi sollicité par Batiactu, il regrette chez Autodesk une vision privilégiant les « grosses cylindrées de la construction » et remettant en cause la dimension artistique du projet architectural au profit de la seule technologie.
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